Au niveau de la reconversion liégeoise, j’ai parfois l’impression qu’on patine et qu’on papote.

Pardonnez-moi de donner l’impression, très temporaire et inhabituelle je l’espère, de tomber au niveau de bloggeurs/râleurs professionnels bêtes et méchants– à qui je notifie ici ma profonde antipathie – mais quand même… !

Ca fait onze ans que nous parlons de reconversion en région liégeoise et force est de reconnaitre que ça patine.

Je n’ignore pas que des gens de qualités se donnent corps et âme dans des projets de reconversion, font preuve de créativité, de volontarisme. J’en connais certains, je les apprécie, je les respecte.

Les projets de synergies entre nos hôpitaux liégeois, le centre international d’art et de culture (CIAC), Biolog et sa biologistique en terres liégeoises, tout ça c’est très bien, mais ça ne suffit visiblement pas.

Comme nous l’avons évoqué lors du débat précédent sur l’intercommunalité, nous devons nous fédérer, nous organiser.

Alors, quand on tombe sur une proposition, émanant de la société civile, on se dit : « tiens, voilà du neuf, regardons cela plus attentivement ».

Et quand on la trouve originale, prospective, cohérente et même fédérative puisqu’elle sous-tend la coalition de nombreux pouvoirs publics mais aussi d’entreprises privées, on pense « mais c’est très intéressant ça ! Comment la soutenir sans lui faire du tort ? ».

Raison pour laquelle je redeviens très sérieux, convivial et franchement constructif.

Mon collègue M. Rizzo a déjà dit l’essentiel quant aux principaux objectifs et aux initiateurs de VERDIR (Rentier, recteur ULG ; Facultés agro de Gembloux, Agro Biotech, HEC, Mecatech et même Arcelor Mittal (nous verrons…).

Je cite juste cet extrait particulièrement exemplatif :
« Cette forme de reconversion permet la réappropriation de ces espaces tout en les « verdissant » ; elle améliore le cadre de vie des habitants et renforce l’attractivité de ces zones délaissées. Elle permet aussi de créer des emplois, notamment peu qualifiés (une récente étude belge estime que 4 personnes sont nécessaires pour cultiver 1 ha en ville) ».

Par extension au projet de l’ULg, nous pourrions même imaginer traiter une partie des sols pollués par la bioremediation, procédé pour lequel une firme liégeoise, de Neuville-en-Condroz, est spécialisée.

La bioremédiation est un processus organique par lequel des micro-organismes et des bactéries naturelles recyclent des polluants hydrocarbonés spécifiques. Les déchets organiques sont digérés et éliminés de l’environnement en ne laissant aucun résidu toxique. Cette technique cadrerait bien avec l’esprit novateur et original de VERDIR.

Nous voudrions insister ici sur le fait que la notion associée d’ « agriculture urbaine » va bien au-delà du slogan un peu branché : elle est  déjà mise en pratique par 700 millions d’habitants, et ce chiffre augmente d’année en année.

Elle est chaudement recommandée – et le sera de plus en plus parce qu’elle colle à l’évolution du monde – par l’ONU et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) parce qu’elle contribue à une  sécurité alimentaire de plus en plus menacée ainsi qu’aux défis de l’urbanisation.

Nous ne disons pas ici que nous avons – Eureka ! – enfin trouvé le graal qui relèvera à lui seul la région liégeoise ; nous n’avançons pas, qu’à lui seul, ce projet relancera miraculeusement l’économie de notre région.

Mais il pourrait y contribuer de manière non négligeable !`

C’est la raison pour laquelle le groupe Ecolo souhaite développer ce sujet et entendre le collège sur :
– sa première perception du projet et des impacts qu’il pourrait induire sur l’aménagement global de notre ville,
– la nature des éventuels contacts déjà noués avec l’Université,
– les initiatives, positives ou non, qu’il envisage de déployer, à court et à moyen terme, pour soutenir ou non cette initiative.

Je voudrais terminer par ceci.

Ce qui plait aussi dans ce projet, c’est son côté novateur, ancré dans le développement durable, dont aucun parti ne détient le monopole.

Ce qui plait, c’est que ce type de projet s’enracine dans des expériences qui, à l’origine, émanaient de « citoyens en mouvement » et dans leur volonté de passer de l’indignation à l’action. Qui repensaient leur ville.  

Si nous, politiques, ne captons pas cette urgente nécessité de coaliser nos réflexions et nos actions avec celles des citoyens – même si dans ce cas elles ont été institutionnalisées au travers de l’ULg ; et c’est très bien comme cela – nous continuerons à scier la branche sur laquelle tout le monde est assis : politiques mais aussi scientifiques et citoyens.

Sans oublier les entreprises privées.

Alors, familiarisons-nous, Sérésiens, Liégeois, avec l’hydroponie, l’aquaponie, la bioremédiation, le bioventing, le biosparging, l’hortillonnage, et la permaculture, bref, et pour faire un peu plus simple, avec l’agriculture urbaine… et périurbaine.

Si nous n’y gagnons pas nécessairement en vocabulaire, nous y gagnerons en inventivité, en prospective et en modernité.

Je vous remercie,
Jean Thiel
Chef de groupe Ecolo au Conseil communal