Suite à plusieurs demandes de citoyennes et citoyens, voici le discours que Paul Ancion, notre Conseiller Communal et Chef de groupe, à prononcé lundi dernier à l’occasion du dernier conseil de notre désormais ancien bourgmestre Francis Bekaert. Le voici en entier ci-après les pointillés.
Les évènements de ces dernières semaines ont bien entendu influencé son écriture. Je reste quelqu’un profondément mal à l’aise avec les excès du pouvoir, quels qu’ils soient. La bonne gouvernance devient rare, particulièrement en région liégeoise et particulièrement à Seraing.
Nous avons changé de bourgmestre, et si je peux féliciter ici les nouveaux mandataires Déborah Géradon, Robert Rouzeeuw et Christophe Holzemann, je regrette que cette passation de pouvoir se soit faites de manière si pompeuse (une bonne partie du gratin politique liégeois – et même au delà – était présent, alors que rien de tel n’avait eu lieu à la sortie des élections) alors que notre Ville est surement dans une des situations les plus difficiles de son histoire. Célébrer cet évènement de cette manière n’était pour moi pas approprié.
Il est intéressant de noter que ni la déclaration de politique communale ni le plan stratégique transversal, qui datent de 2019, n’ont été modifiés alors que cette transition était prévue depuis des mois. Laissons le bénéfice du doute au nouveau collège pour le moment en espérant qu’il rattrapera prochainement ces manquements et surtout que la politique nouvelle s’émancipera des mauvaises habitudes du passé.
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« Cher Francis,
Comme promis à notre précédent conseil communal, voici un petit discours pour ton départ.
Bien entendu, il se passe des choses en politique en à peine un mois, et je dois bien avouer que mon intention de base s’est retrouvée quelque peu modifiée.
Tout d’abord j’avais à cœur de te rendre hommage en essayant avec ma maigre prose de dépeindre ton portrait de bourgmestre de Seraing. A titre personnel, et je pense que ce sentiment est partagé par beaucoup d’autres, ce qui m’a frappé cette législature ce sont les différences que tu as apportées à la fonction, pour le meilleur et pour le pire, par rapport à ton prédécesseur. Cet angle d’attaque, ou plutôt cet angle de vue me paraît révélateur et en voici quelques exemples.
Francis Bourgmestre, c’est un collège un peu borgne. Un collège qui avance mais lentement et avec des hésitations parfois maladives, voir recule, là où précédemment un seul homme pilotait, parfois au dépend des limitations de vitesse. Et ce dès le lendemain des élections notamment avec le dossier « Eros Center » abandonné suite à un simple dépôt de plainte du conseil des femmes francophones de Belgique alors que la majorité précédente fonçait avec seulement un accord oral du parquet.
Francis Bourgmestre, c’est un collège communal qui s’exprime. Par choix ou par nécessité, le bourgmestre laisse son collège répondre sur les compétences dont il est dépositaire. Les échanges en sortent renforcés même s’ils peuvent prendre plus de temps. La démocratie n’est plus dictée par un seul homme.
Francis Bourgmestre, ce sont des réponses parfois très courtes. Manque de préparation, manque de considération ou simplement honnêteté intellectuelle ? Beaucoup de questions, et je pense pour chaque groupe politique de l’opposition, se sont vues répondre un simple « Cher camarade, j’ai bien pris bonne note de tes remarques. Nous allons y travailler et revenir vers toi avec les réponses à un prochain conseil ». Francis, j’imagine que tu es venu avec les différentes réponses aujourd’hui.
Francis Bourgmestre, c’est un conseil plus apaisé. C’est d’abord un conseiller communal qui préside, pas un membre du collège et encore moins le bourgmestre. La parole est distribuée de manière équitable et nos échanges sont moins virulents, plus respectueux. Loin de moi l’idée que l’on s’ennuie et que les débats ne sont pas parfois « animés », mais ils me semblent rester davantage dans les limites de la confrontation des idées et moins dans la guerre des égos. Mention spéciale à Olivier qui est surement le plus patient d’entre nous.
Francis Bourgmestre, c’est un jour une idée, 6 mois après son opposé. On connaissait les 4 sections du PS à Seraing, système dont la conséquence doit laisser interrogateur les employés du CRISP. Francis y a ajouté une recette très personnelle : la bipolarisation, voire la tripolarisation. Une guerre fraternelle qui ne se limite pas à de la popotte interne mais porte à conséquence sur la gestion de le Ville et à son avenir. Avec comme dossier emblématique le Val Saint Lambert, où c’est le couperet judiciaire et financier qui a mis tout le monde d’accord.
Francis Bourgmestre, c’est un accent mis sur le social, moins sur le bling bling. Exit la tour la plus haute de la province, place à l’épicerie sociale ou un nouvel abri de nuit. Quelqu’un qui se veut, en apparence du moins, soucieux de difficultés du quotidien de trop nombreux concitoyens. Préoccupations auparavant malheureusement délaissées, au profit d’une logique de gestion privée de la politique.
Francis Bourgmestre, c’est le cœur à gauche mais la tête en arrière. Tiraillé entre ses valeurs et l’héritage à assumer. Un héritage de famille compliqué ou les équilibres sont précaires et les fondations fragilisées. Une envie, j’en suis persuadé, de solutionner les problèmes et de repartir de zéro. Mais aussi une conscience d’être une partie de cet héritage et d’être par conséquent une partie du problème. Les épisodes du mois écoulé en attestent : comment concilier ses valeurs et les mauvaises habitudes prises au pouvoir ?
Francis Bourgmestre, c’est enfin l’homme que l’on n’attendait pas et que l’on a découvert avec ses qualités et ses défauts. Ce n’est pas l’homme providentiel. Il n’en existe pas, ni de femme d’ailleurs. En écrivant ces quelques lignes je me suis rendu compte que moi aussi, comme Francis, j’étais empreints de valeurs profondes et de volonté pour défendre notre Ville. Mais que de temps en temps il fallait s’arrêter, faire une pause et contempler le chemin parcouru. Le chemin est parfois sinueux, boueux, sans indications et peut nous faire perdre pied.
Alors Francis j’espère que tu pourras te poser et répondre à cette question « Suis-je au bon endroit ? ».
Je vous remercie pour votre attention. »